Belfour, et au milieu coule une rivière

Photo © Jean-François Robert

Belfour est de retour dans une forme resplendissante. Le duo auvergnat revient avec un nouvel ep fort de six titres onctueux à paraître en avril. Scarlette a sommé Lucie Mena et Michael Sachetti de venir s’expliquer.

Le Belfour nouveau avec chant en français est actif depuis 2017. « On est passé au français à la suite d’une rencontre avec un musicien qui, après nous avoir vus en concert, n’était pas convaincu. On a collaboré avec lui et à partir de là, on s’est mis à écrire en français naturellement » précise Michael pour expliquer la métamorphose. Et Lucie de renchérir : « On avait déjà envie d’aller vers le français, on tendait vers ça, il a insisté là-dessus. Il nous a surtout aidé à nous révéler, à trouver notre identité. Il a fait ressortir la sensibilité que nous n’exploitions pas assez auparavant. Les textes en français nous sont plus personnels. » Le duo se partage équitablement le travail. Lucie se charge principalement des textes et Michael, des musiques et de la production avant que chacun ne se mêle du travail de l’autre pour homogénéiser l’ensemble et apposer la signature Belfour aux chansons.

Confidences

« Avant de chanter en français, on se cherchait musicalement et humainement pour être honnête. Personnellement, je ne reviendrais pas à mes 20 ans, je me sens mieux à 30 qu’à 20 ans » confie Lucie. « Forcément, la musique reflète notre état d’esprit. On a envie de se prouver des choses. Au départ, en 2012, on partait dans l’idée de faire, soit quelque chose de plus organique genre Massive Attack, soit avec un côté rock blues. J’aimais beaucoup les Black Keys. On est allés du côté où je pouvais le plus me cacher. En passant au français, tout s’est révélé. Ça a été un véritable moyen d’expression avec un vrai plaisir d’écriture. » Lucie ne dissimule pas sa passion pour la lecture et l’écriture qui lui ont permis de reprendre confiance en elle. « Il fallait assumer et arrêter de se cacher. Ça a été dur. C’étaient des larmes parfois. Arrivé à un moment, c’est venu tout seul. Très naturellement. Le premier titre que j’ai écrit, c’était “Si la rivière coule”. Pour la première fois, je mêlais notre histoire personnelle à notre musique. Nos chansons sont un peu notre exutoire. » Il aura fallu trois ans à Lucie et Michael pour définir très précisément leur style musical et leur univers visuel.

Au fil de l’eau

En évoquant “Si la rivière coule”, Lucie en explique le pourquoi : « J’avais une amie d’enfance avec qui je me suis franchement engueulée. C’était comme une histoire de couple. Ça renvoie aussi à la solitude. Le film Thelma & Louise que j’adore depuis longtemps m’a aussi beaucoup inspiré pour écrire ce texte. Tout comme le documentaire Bird on a Wire de Tony Palmer qui suit Leonard Cohen en tournée. » La chanson évoque l’amitié, la solitude, mais aussi le temps passé sur les écrans qui détruit le lien social. « Pour le clip, la réalisatrice a réussi à imager la chanson en utilisant des symboles. »

Forme plus intime

Où le Belfour “en anglais” avait un son chaud, un son organique, le nouveau Belfour est un peu plus intimiste. « Dans la première mouture, on était plus dans l’énergie. Là, c’est plus “intériorisé”. Le gros du disque a été composé dans notre appartement, en huis clos. Ce qui reflète bien la conjoncture actuelle » relève pertinemment Michael avant de poursuivre : « Pascal Humbert avec qui on travaillait aurait préféré qu’on joue en groupe. Je tenais à conserver cette forme à deux, c’est plus intime, plus moderne, plus synthétique. Sur scène, ça marche encore mieux qu’avant. On a trouvé un style qui nécessite en effet de l’attention, mais ça permet de capter les gens. Lucie arrive à transmettre des émotions beaucoup plus fortes qu’avant. » Si Michael admet volontiers que le groupe a un côté un peu plus “froid” avec l’apport de l’électro utilisé toutefois avec parcimonie, il déclare que Belfour travaille déjà sur un prochain disque qui sera plus pop, plus organique. Installez-vous sur la rive, asseyez-vous confortablement et écoutez la rivière couler.

Site : Belfour

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