Je me suis posée … A la table d’à côté un couple… Lui très extravagant, chaleureux, et très souriant … Elle très fermée, peu abordable, mais avec inconcevablement un fort caractère… Je les ai écoutés. Avec un certain aplomb, elle savait lui répondre, mais lui avec un humour très naturel, il savait faire volteface, et toujours la remettre à sa place … A quelle place d’ailleurs ?… Je me suis pourtant dit qu’elle avait beaucoup de répondant, mais curieusement elle me semblait effacée face à cet homme …
Puis en quittant cet endroit j’avais cette boule au ventre … Dans la vitrine de ce magasin je me suis regardée… J’avais envie d’aller revoir cette femme … Pour moi il y avait quelque chose qui clochait dans ce couple pourtant si « parfait »… J’ai donc fait demi-tour, et à cette table j’ai retrouvé cet homme … Seul, devant sa bière en train de papillonner, certainement à chercher une nouvelle cible … J’ai fait plusieurs pas, mais impossible de retrouver cette femme… Alors je suis partie en direction du Ciné-débat qui avait lieu pour la lutte contre les violences faites à l’égard des femmes… Je suis repassée devant cette vitrine … J’ai regardé mon reflet et j’ai souri … Cette femme se tenait finalement en face de moi …
La couleur Orange projetée sur la façade du Cinéma d’Aurillac m’a confirmée que j’étais arrivée à destination (pour rappel, la couleur Orange est la couleur emblématique de la semaine d’action contre les violences faites aux femmes). Le Ciné-débat est organisé par l’Organisation SOROPTIMIST d’Aurillac.
Après une brève présentation de l’Organisation et des personnes qui prendront paroles au débat, le film est projeté. Je me retourne, la salle est presque pleine … Femmes, hommes, classes d’écoles, le public est varié.
« La Terre des Hommes »… Dans le titre je peux lire deux choses : La Terre dans le
milieu de l’Agriculture, mais aussi La Terre d’un point de vue « appartenance » aux Hommes … Ça tombe plutôt bien, le film parle d’une jeune femme qui cherche à percer dans le Monde de l’Agriculture, et souhaite reprendre avec son futur époux la ferme de son Père, celle-ci en difficultés financières. Constance a un fort caractère et pleine d’ambition …
Après avoir monté un dossier solide et optimiste, elle trouve le soutien auprès de
Sylvain, une personne de renommée et influençable dans le Monde Agricole … Elle voit cet homme comme son « sauveur », et l’idolâtre très rapidement … Il lui
propose tout naturellement son aide et croit en son projet. Alors qu’elle apprend
finalement que son dossier a été rejeté, elle décide d’aller voir Sylvain pour lui
demander des explications … C’est à ce moment-là que tout bascule… Il profite de
la détresse de Constance, et joue sur la corde sensible… Il profite sexuellement
d’elle … Lors de l’acte aucun mot ne sort de sa bouche, malgré tout on remarque
que le visage de Constance est fermé…
Elle est de suite prise dans un engrenage sous forme de chantage, et se sent
finalement coupable, mais a le courage de faire front, et de déposer plainte …
confrontation… Tout le Monde la prend pour une fille « facile », malgré tout elle ne lâche rien, et reçoit le soutien de son Père, de son époux, et d’un autre agriculteur … Constance arrive à faire basculer la situation, et fait tomber le masque de son « violeur ».
J’ai entendu un jour, au sein d’un couple, une femme qui demandait à son Mari si il pouvait vider le lave-vaisselles … Et lui sur un ton humoristique comme à son habitude, lui a demandé en retour si ils baisaient ce soir ?… Non Mesdames, même au sein de votre foyer vous n’avez pas à « subir » des relations sexuelles ou à supporter des « violences » psychologiques pour obtenir quelque chose !…
Les lumières se rallument et les intervenants se mettent en place … Le Procureur de la République d’Aurillac, Le Commissaire du Canton d’Aurillac et d’Arpajon, l’Intervenant Social au sein du Commissariat, l’ANEF, et également un Éducateur Spécialisé qui accompagne les auteurs des violences conjugales, prennent la parole tour à tour.
Ce débat est orienté vers les violences Intra-familiales ; Nous parlons de violences physiques, de violences psychologiques, mais aussi d’emprise et de relations toxiques… Ces violences sont bien souvent portées à l’égard des femmes, mais on constate à l’heure actuelle que ces violences peuvent être faites par des femmes sur leur conjoint, ou également des enfants envers leur Maman (bien souvent on craint + le Père que la Mère… c’est ancré dans les mentalités).
Suite à une croissance importante des féminicides et des violences intra familiales, les dispositifs ont été renforcés ; Les paroles se libèrent, mais pas suffisamment pour inverser les chiffres, toujours en augmentation d’années en années.
Il est désormais courant qu’un intervenant social soit présent au sein du Commissariat pour accueillir les victimes, les écouter, faire l’interface entre la Police et les Institutions judiciaires, les informer et les orienter. Des systèmes sont également mis en place pour prendre rapidement en charge les personnes en souffrance et de façon anonyme … Le Commissaire soulève également l’importance de déposer plainte ou même faire un signalement, afin de laisser une trace… des preuves qui pourront être apportées au dossier si les violences s’aggravent. Il est difficile pour la victime de déposer plainte à l’encontre de son conjoint, mais enlevez-vous ce sentiment de culpabilité, vous êtes la victime et non le coupable.
Le Procureur de la République explique que certains dossiers sont traités sous à peine 48 heures lorsqu’il y a vraiment urgence et que la personne se trouve en danger… Ça peut être un danger physique, mais aussi de l’ordre psychologique … N’oublions pas que des conjoints tuent leur femme, mais qu’il y a également des femmes qui mettent fin à leurs jours …
L’ANEF, Association Nationale d’Entraide Féminine, prend le relais concernant la réinsertion de la victime ; Il faut savoir que les femmes victimes de violences conjugales ont été bien souvent coupées des liens familiaux, sociaux et professionnels … Sachez que vous n’êtes pas seules, et que des personnes formées sont là pour vous accompagner et vous soutenir. Afin de lutter contre la récidive des auteurs coupables de violences conjugales, des stages sont proposés afin de comprendre et gérer leurs émotions, et afin de prendre conscience des actes faits à l’égard des femmes. Peut-être un bon début et une prise de conscience ? A l’heure actuelle nous n’avons pas de résultats concrets pour savoir si ce plan fonctionne … Néanmoins dans des Pays où ces stages sont actifs depuis plusieurs années, un retour positif est à noter
Quelques mots sur l’organisation…
SOROPTIMIST International est une organisation mondiale de femmes au service des femmes, ONG accréditée auprès de l’ONU.
Le Réseau SOROPTIMIST compte plus de 72 000 membres répartis dans 121 pays et 5 Fédérations.
5 domaines d’actions : L’éducation, l’autonomisation et le leadership des femmes, la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles, la santé, l’environnement de le développement durable, afin d’améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants, et la défense de la paix. En France, ce sont près de 2 200 membres dans 110 clubs répartis sur tout le territoire français.
Des numéros à toujours garder en mémoire :
URGENCE : 17 / DISPOSITIF D’HÉBERGEMENT : 115 / PAR SMS : 114 / APPEL ANONYME ET GRATUIT : 3919
Si vous assistez à des violences physiques ou verbales, que ce soit dans la rue, dans votre voisinage, ne détournez pas vos yeux … Peut-être qu’un jour se sera vous qui serez victime de violence, et vous aimeriez à ce moment-là qu’on vous tende la main…
On connaît tous les paroles de cette chanson … Pauline ça peut être toi, moi, votre fille, votre voisine, votre collègue de travail … Ouvrez vos yeux et libérez votre parole …
Pauline elle est discrète, elle oublie qu’elle est belle.
Elle a sur tout le corps des tâches de la couleur du ciel.
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c’ est pas pour la faire danser
Elle repense à la mairie, cette décision qu’elle a prise
À cette après-midi où elle avait fait sa valise
Elle avait un avenir, un fils à élever
Après la dernière danse, elle s’est pas relevé.