Au détour des rues piétonnes de Riom, on trouve En Toute Beau Thé, concept store ouvert depuis un peu plus de 4 ans par Aurélie Baudin. Mode et beauté règnent en ce lieu où toutes les femmes peuvent trouver leur bonheur. Les petits créateurs, y compris locaux, y côtoient des marques plus mainstream. On peut aussi y boire un thé en grignotant un cake fait maison et picorer de chouettes produits au rayon épicerie.
Bref, En Toute Beauté, c’est un lieu où l’on a envie de flâner longtemps et de revenir. Et l’énergie positive de sa propriétaire y est pour beaucoup.
Bienvenue dans un cocon de style et de bien-être
Le regard et le sourire sont francs. Sans chichis. Une fois ce premier accueil passé, on laisse traîner les yeux, attirés par le mélange de couleurs douces ou flashys, de matières.
On découvre les portants de vêtements (pour toutes les femmes, du 34 au 54), les nombreux accessoires, les bijoux colorés et originaux (une tuerie), peu de chaussures mais bien choisies (la marque Mapache notamment).

Dans cette première pièce, c’est l’univers de la mode, mais aussi de la beauté, avec une marque de cosmétiques bio au rapport qualité-prix imbattable (Avril) et des paillettes notamment (Sisi la paillette). Et de nombreux autres trésors que vous découvrirez, sachant qu’Aurélie propose très régulièrement des nouveautés.
Faire partager ses coups de coeur
La plupart du temps, Aurélie porte ce qu’elle vend. Elle le dit elle-même : « Je ne peux vendre que ce que j’aime ».
Cette devise vaut également pour la pièce suivante, où se trouve le rayon épicerie. Tout a été testé par la patronne, des sirops artisanaux aux tartines apéro, en passant par le chocolat, les thés, les pâtes de fruits ou la bière (brasserie NK). Certains produits sont peu vus et méritent d’être découverts, comme les crayons d’assaisonnement Ocni ou les tablettes de fruits Les Recettes de Rony.
Si vous faites partie des gourmandes, vous pouvez continuez le voyage vers la troisième pièce, le salon de thé. Cette partie n’a pas cessé de se développer depuis la création de la boutique.
Vous pouvez opter pour la pause goûter avec une part de gâteau maison et un thé, ou découvrir selon les saisons le bar à soupe, le bar à salade ou le bar à yaourt.


Créer du lien, faire des rencontres
C’est également dans cet espace cocooning que se tiennent régulièrement des brunchs les dimanches matins, mais également des ateliers bien-être et créatifs à faire entre copines ou collègues de boulot.
Aurélie est très attachée au côté humain dans son travail. Elle ne vend pas seulement des vêtements et des cafés, ce lieu représente pour elle beaucoup plus que ça. « Cette boutique, c’est mon troisième bébé ».

Il faut dire que l’ouverture de cette boutique est l’aboutissement d’un long chemin, qui peut paraître tortueux mais qui finalement, selon elle, devait la mener là.
Chercher sa voie

Clermontoise de naissance, Aurélie a grandi dans le quartier de Croix-Neyrat. Ses parents se séparent lorsqu’elle est enfant et elle vit seule avec sa maman. Très sociable et aimant le contact, elle garde un souvenir ému des moments passés chez ses copines du quartier issues de familles nombreuses.
Quand arrive le moment de s’orienter, Aurélie se cherche.
Elle aurait aimé être basketteuse professionnelle, mais n’atteint pas la taille qu’il faut. Elle est aussi attirée par le métier de kinésithérapeute et fait deux ans de prépa en fac de médecine. Mais les résultats ne suivent pas.
Détestant rester sans rien faire, Aurélie repart en formation. Cette fois-ci, ce sera l’hydrothérapie à Vichy. Suivent quelques années de travail en saison en cures thermales, puis un poste en parfumerie, qui l’amène à passer un CAP esthétique.
Aurélie travaille dans une boutique située en galerie marchande. Elle enchaîne les heures et les jours de travail pour un salaire qui la satisfait de moins en moins.
C’est à cette période que son papa, qu’elle voit peu, reprend un garage automobile. Avec en tête l’idée de se rapprocher de lui, Aurélie décide d’intégrer l’aventure. Mais elle n’y trouvera jamais sa place, entre des collègues pour qui elle reste « la fille du patron » et un patron qui se comporte plus durement avec elle qu’avec les autres.
Elle découvre quand même, pendant ces quelques années de garage, que ce qu’elle aime, c’est le service client, c’est le contact.
Petit à petit, germe dans son esprit l’idée de créer sa propre activité. Peut-être un salon d’esthétique. Il lui faut encore du temps.
En parallèle du garage, où elle supporte de moins en moins l’ambiance, elle cherche un autre emploi. Elle enchaîne les entretiens et les refus.
Quand le corps dit "stop"
C’est finalement son corps qui va décider de la suite. En juillet 2018, alors qu’elle est désormais mariée et maman de deux enfants de 7 et 3 ans, elle sent, en prenant une douche, une boule assez volumineuse dans son sein. Il se trouve que quelques jours plus tard elle a rendez-vous chez un dermatologue, qui va avoir la réactivité nécessaire.
Et là, tout s’enchaîne. La mammographie, l’échographie, puis la biopsie et l’annonce du cancer du sein. Le médecin se veut plutôt rassurant et lui dit qu’elle peut malgré tout partir en vacances.
Elle est finalement rappelée rapidement. C’est plus sérieux que prévu, les ganglions sont touchés. On lui parle d’une opération et de plusieurs chimiothérapies.
Aurélie encaisse alors les traitements lourds sur plusieurs mois, la perte des cheveux, la fatigue extrême et le cortège d’effets secondaires.
En mode guerrière, elle se focalise sur l’essentiel et se jure notamment qu’elle ne retournera pas au garage.
Après les chimios, ce sont les rayons et enfin, en mai 2019, la rémission. En arrêt maladie, Aurélie prend soin d’elle, fait de nombreux soins de support, tout ce qui peut l’aider à remonter la pente.
Elle continue à réfléchir à son avenir professionnel et affine son projet. Le coaching ? Le développement personnel ? Elle fait la liste de ce qu’elle aime : cuisiner, la mode, les produits de beauté naturels. Petit à petit le concept d’une boutique émerge, mais c’est encore flou.
C’est lors d’une balade au Puy-en-Velay, en juin 2019, qu’elle découvre un concept store vêtements et bijoux. Son mari, peu sensible à son idée de commerce jusque là, flashe sur le lieu. Pour lui, c’est ce type de commerce, hybride et singulier, qui lui ressemble.
C’est alors qu’arrive le premier confinement. Aurélie commence à peaufiner son dossier, à pendre des contacts, avec deux cailloux dans sa chaussure : elle sort de maladie et elle n’a pas d’argent de côté. Mais peu importe, ce n’est pas ça qui va l’arrêter.
Après quelques déconvenues diverses et variées (mauvais comptable, propriétaire de local qui change d’avis au dernier moment…), elle finit par accepter de visiter cette ancienne boucherie qui au départ ne lui faisait pas envie. Son mari se projette tout de suite, et l’aide à se projeter.
C’est le moment que choisit le cancer pour se rappeler à elle. Lors de tests génétiques, elle apprend qu’elle est porteuse d’une mutation d’un gène qui lui fait courir un risque majeur de développer un cancer de l’estomac.
De nouveau tout s’écroule autour d’elle. Face à ses médecins qui connaissent peu ce cas de figure et qui n’ont pas tous le même avis sur le protocole à suivre, elle finit par faire une rencontre qui va éclairer le chemin. Elle est prise en charge par Julien Scanzi, gastroentérologue puydômois très présent sur les réseaux (vous pouvez le suivre sur Instagram) et spécialiste des maladies intestinales. Passionné par le microbiote, il est l’auteur d’ouvrages sur le sujet).
Pour lui, il n’y a pas à hésiter, il faut enlever l’estomac en prévention (une gastrectomie prophylactique). L’opération est lourde (11 heures de bloc) et rare en France. Mais Aurélie va la faire, elle ne veut rien lâcher.
Avant, elle règle toute la paperasse concernant le local, avec une consigne à son comptable : si elle se réveille de cette opération, l’immatriculation de la boutique doit se faire tout de suite. Ce sera bien le cas.
Après trois semaines d’hôpital, c’est la sortie avec en ligne de mire les travaux dans le local, qui doivent être faits par son mari.
Hélas, son corps a lui aussi va parler. Glissant sur une plaque de verglas, il se casse le tibia et le péroné.
Qu’à cela ne tienne, Aurélie appelle des cousins et des amis à la rescousse et finalement, le 19 mai 2021, En Toute Beau Thé ouvre ses portes.
Aujourd’hui, avec le recul, Aurélie se dit changée. Par la maladie, par ces deux combats menés en parallèle, celui pour sa vie et celui pour son activité professionnelle. Plus confiante, elle explique avoir pris chaque « tuile » comme un signe.
Aurélie continue son chemin dans la sérénité, en ne se mettant plus la pression. Elle aimerait malgré tout que la boutique passe un cap supplémentaire. À la rentrée de septembre elle accueillera Jeanne, une alternante qui a déjà fait un stage dans sa boutique et qui va l’aider à développer notamment la vente en ligne.
Même si En Toute Beau Thé est son troisième enfant, même si elle est heureuse d’aller au boulot le matin et se félicite de la richesse de ses journées le soir venu, Aurélie explique que ce n’est pas une fin en soi.
Pour l’instant, elle fait tout et vit tout à fond. Elle travaille beaucoup et s’investit aussi auprès de l’association des commerçants du centre-ville de Riom dont elle est la vice-présidente. Elle fourmille toujours d’idées et de projets mais elle sait aussi qu’elle ne pourra pas garder ce rythme très soutenu trop longtemps.
Aurélie a envie de penser à elle, à sa famille, et de voyager, une autre de ses passions.
Retrouvez En Toute Beau Thé
15 B rue de l’Hôtel de Ville à Riom.
Sur Instagram @en_toute_beau_the et LinkedIn @En Toute Beau Thé.
Le site : www.entoutebeaute.fr

Comme le dit Aurélie, sa boutique est effectivement beaucoup plus qu’un simple lieu de vente. C’est un lieu de vie, de rencontres, un lieu où toutes les couleurs et les émotions se mélangent. Un lieu de sororité aussi. N’hésitez pas à pousser la porte du magasin. Dès que vous entendrez le « Bonjour ! » doux et joyeux et que vous verrez le sourire, vous saurez que vous êtes au bon endroit.