Malgré l’interdiction officielle de la vente, de la distribution et de l’offre de cigarettes électroniques jetables, appelées « puffs » en France depuis février 2025, les jeunes continuent à s’en procurer via le marché parallèle et les réseaux sociaux. Ils continuent de les utiliser, profitant d’une popularité qui demeure dans les cours de récréation et sur les réseaux sociaux, alimentée par la curiosité, l’effet de groupe et la recherche de plaisir.
Chaque rentrée, les paquets colorés de puffs envahissent les poches des ados, les réseaux sociaux s’enflamment de vidéos humoristiques et les discussions sur la “meilleure saveur” rythment la cour de récréation. Derrière l’image pop et la promesse d’un plaisir sans tabac, ces puffs cachent une mécanique bien plus insidieuse.
Si la puff a conquis les collégiens et lycéens si rapidement, c’est parce qu’elle coche toutes les cases du marketing pour jeunes : saveurs ultra sucrées proches des bonbons, design fun et coloré, prix bas, influence massive via TikTok et Snapchat, et promesse d’un geste “cool”, léger, non tabagique. Une équation redoutable, pensée pour séduire des mineurs qui n’ont pas toujours les armes pour résister.
Le plaisir instantané… sans conscience du risque
Utiliser une puff, c’est vivre une simulation : une bouffée aromatisée, un shoot de dopamine et l’illusion d’un geste inoffensif. Pourtant la nicotine y est souvent plus présente que dans la cigarette classique, favorisant une dépendance rapide et sournoise. Les adolescents, friands de nouveauté, n’ont pas toujours les outils pour mesurer pleinement le risque.
Un rite social… à double tranchant
Fumer une puff est parfois aussi un code social, un passage ou un défi pour s’intégrer. À la manière d’un défouloir collectif, elle fédère et donne l’impression d’appartenir au groupe. Mais le “jeu” peut vite devenir un piège avec accroche psychologique et risque d’addiction.
Observer le danger de loin… sans s’en protéger ?
L’ado analyse, se croit au-dessus du risque, se rassure : “Ce n’est pas une vraie cigarette.” Mais sans information fiable, il reste vulnérable au marketing et à la normalisation de la dépendance.
Rompre la routine… mais à quel prix ?
La puff attire par l’excitation, la nouveauté et la transgression, mais isole progressivement et entretient le manque sur le long terme.
En famille, comment réagir ?
À l’heure où l’interdiction de la puff ne rime pas encore avec disparition réelle, voici quelques conseils pour accompagner et protéger votre adolescent :
- Ouvrir le dialogue dans le calme, sans jugement. Favoriser des questions empathiques pour que votre enfant explicite ses motivations et ses ressentis.
- Soutenir activement sa démarche d’arrêt : élaborer ensemble un plan d’abandon, valoriser chaque progrès, informer sur les aides disponibles (Tabac Info Service, Consultations Jeunes Consommateurs).
- Expliquer le sens de l’interdiction, les dangers avérés de la puff, et la législation en vigueur pour l’aider à comprendre ce qui change et pourquoi la société agit.
- Rester à l’écoute de ce qui se passe autour de son ado — ce qu’il entend, ce qu’il voit, ce qui circule dans son groupe — tout en préservant un climat de confiance, permet de repérer plus tôt les situations à risque et d’en parler sans dramatiser.
- Solliciter l’aide de professionnels de santé en cas d’usage persistant ou de signes de dépendance.
- Suggérer à votre adolescent de s’investir dans des activités variées : pratique sportive, engagement dans des projets de groupe, participation à des ateliers artistiques ou moments entre amis. Ces expériences stimulent la créativité, renforcent l’estime de soi et offrent aux jeunes une alternative constructive pour satisfaire leur besoin de sensations fortes et d’expériences intenses, tout en préservant leur équilibre émotionnel.
- Offrir un cadre familial clair et rassurant : fixez ensemble des repères et des règles cohérentes, tout en maintenant une communication ouverte et bienveillante. Cette stabilité, associée à l’écoute et à la pédagogie, joue un rôle essentiel pour prévenir les prises de risque et accompagner le développement de l’autonomie.
Au fond, accompagner son ado, c’est garder une porte entrouverte : celle du dialogue patient, de la présence bienveillante, et de cette curiosité sincère qui permet de traverser l’incertitude avec lui.
C’est déplacer le regard, accepter que son silence cache souvent des questions, et rester disponible pour y répondre sans jamais fermer la discussion.
Et pour aller plus loin dans cette discussion essentielle autour des comportements à risque chez les jeunes, voyez aussi l’article de L’alcool chez les jeunes : briser le tabou

