Derniers jours de l’Avent. Et à part le calendrier et ses chocolats surprise, rien ne vous emballait jusque là. Il y avait bien le froid stimulant, les décos sympas, le thé à la cannelle, les vacances – les moins reposantes de l’année – qui arrivent. Mais demain, on va rentrer dans le dur : Noël et son lot d’injonctions. Aimer sa famille, sourire beaucoup, offrir des cadeaux et surtout adorer cette fête.
Pas de panique : chez Scarlette, on pense qu’être Grinch n’est pas une tare, mais un art de vivre. Et si le problème n’était pas vous ? Voici pourquoi vous n’aimez pas Noël, comment survivre à la fête la plus obligatoire de l’année et surtout comment sauver Noël à votre façon : libre, drôle et résolument assumée.
Tout le monde chante All I Want For Christmas à tue-tête depuis trop longtemps ? Pas faux.
En Grande-Bretagne, 9 % des gens disent qu’ils n’aiment pas ou détestent Noël et 17 % se fichent totalement de la fête.
Aux États-Unis, environ 48 % des adultes disent redouter la saison des fêtes, souvent à cause du coût et du stress associé.
Et selon plusieurs sondages, beaucoup trouvent les traditions (échange de cadeaux, repas en famille, fêtes) plus lourdes qu’enchantées. Et il y a nous, qui faisons partie de cette joyeuse communauté anti-Noël, honnête et sans contrefaçon.
Le Grinch : un mot vert, poilu et mal compris
Avant d’être une insulte lancée à table entre la bûche et le café, le Grinch est d’abord un personnage littéraire. Il naît en 1957 sous la plume du Dr. Seuss, dans How the Grinch Stole Christmas!. Une fable illustrée, faussement enfantine, qui raconte l’histoire d’un être solitaire, marginal, allergique à la liesse obligatoire.
Le Grinch ne déteste pas Noël par cruauté. Il le déteste parce qu’il n’en comprend pas le vacarme, la surenchère, la joie forcée. Il vit à l’écart, observe de loin, soupire beaucoup. Autrement dit : il est lucide.
Hollywood, avec Jim Carrey, en fera plus tard une icône pop outrancière. Mais derrière le latex vert et les grimaces, le message reste le même : le problème n’est peut‑être pas celui qui n’aime pas Noël, mais Noël lui‑même.
Vous n’êtes pas acariâtre, vous êtes une littéraire
Si vous vous reconnaissez dans le Grinch, vous pourriez aussi serrer la main de quelques figures de la littérature : Bartleby, de Melville, et son légendaire « I would prefer not to ». Refuser sans se justifier : un art. Emma Bovary, étrangère aux rites bourgeois, étouffant dans les conventions. Meursault, chez Albert Camus, qui ne joue pas la comédie sociale attendue et qu’on lui fera payer cher.
Refuser Noël, ce n’est pas refuser l’amour. C’est parfois refuser le théâtre.

Pourquoi vous n’aimez pas Noël (et vous avez vos raisons)
Et s’il fallait encore se justifier, les raisons simples à avancer :
– Parce que vous aimez être seule. La solitude choisie n’est pas un manque. C’est un luxe. Noël, lui, la transforme en anomalie sociale. Comme si aimer sa tranquillité relevait de la pathologie.
– Parce que les repas de famille sont un sport de combat. Entre les remarques passives‑agressives, les souvenirs recyclés, « la géopolitique pour les nuls » et les silences lourds comme la dinde, vous préférez encore dîner avec un livre.
– Parce que vous n’aimez pas les cadeaux. Ni les faire, ni les recevoir. Vous n’aimez pas l’obligation déguisée en attention, ni les objets inutiles échangés par politesse.
– Et puis la crise est bien là. Quand on doit choisir entre manger ou se faire un ciné, peut-on encore jouer la comédie d’un fastueux Noël sans trembler des genoux ?
Et surtout, enfin, en bref : vous n’aimez pas faire semblant.
L’aigreur n’est pas un défaut, c’est un signal
On vous dira que vous êtes dure, froide, grinçante. En réalité, vous êtes peut‑être simplement honnête. Noël agit comme un révélateur : il montre ce que l’on tolère le reste de l’année par habitude. Votre aigreur n’est pas un rejet du lien. C’est un refus de l’hypocrisie.
Moralité (oui, il en faut une)
Le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire à Noël c’est de vous écouter. De respecter votre rythme, vos limites, vos envies. Même (et surtout) quand tout le monde vous dit que vous devriez ressentir autre chose.
Être le Grinch, ce n’est pas voler Noël. C’est parfois se sauver soi‑même. Et si, cette année, le vrai miracle de Noël, c’était simplement de ne pas se forcer ?
Comment survivre à un Noël quand vous voulez être seule ?
Une invitation doit le rester, elle n’est pas une assignation à résidence émotionnelle.
Noël seule ne signifie pas Noël vide. Un bon livre, un film choisi, un repas simple, une bougie allumée pour vous et pas pour Instagram.
Le non est une phrase complète.
- Posez des limites : pas de cadeaux si c’est une corvée.
- Redéfinissez les traditions : jeux de société féministes, échanges de vœux engagés plutôt que factices.
- Rappelles-vous : être poli n’est pas être sacrifié.
Et si votre anti‑Noël devenait un geste utile ?
Ne pas aimer Noël ne signifie pas se détourner des autres. En France, 2,2 millions de seniors souffrent d’isolement. Et à l’approche des fêtes, cette solitude peut devenir plus lourde encore.
Alors il existe des initiatives comme les visites de Noël des Petits Frères des Pauvres, qui permettent d’offrir une présence, une conversation, parfois simplement un café partagé à celles et ceux qui passeront les fêtes seuls. Pas besoin d’aimer les guirlandes ni les chants : il suffit d’être là. En plus, ça peut vous offrir un parfait alibi…
Finalement, être le Grinch n’empêche pas la générosité. Parfois, refuser la fête pour soi permet de la transformer en attention sincère pour les autres et ça, c’est peut‑être la version la plus honnête de l’esprit de Noël.

