Entre la charge mentale, les écrans omniprésents et la sensation de courir après le temps, beaucoup de parents se questionnent sur la meilleure façon de prendre soin de la santé de leurs enfants au quotidien.
Quelques réflexes simples, posés tôt, peuvent éviter bien des nuits blanches.
1. Prévenir, ce n’est pas angoisser
La prévention, ce n’est pas vivre dans la peur de la maladie, c’est organiser le quotidien pour limiter les risques évitables : accidents domestiques, addictions, troubles du sommeil, surpoids, etc.
Parler de santé en famille permet aux enfants d’apprendre très tôt à écouter leur corps et leurs émotions au lieu de les ignorer… jusqu’au burn-out ou à l’addiction plus tard.
Concrètement, aider un enfant à écouter ses émotions, c’est :
- Mettre des mots sur ce qu’il ressent : « Tu as l’air en colère / triste / inquiet, tu veux m’expliquer ? », plutôt que « Ce n’est rien, ça va passer ».
- L’autoriser à exprimer ses émotions sans banaliser ni minimiser, puis l’aider à trouver ce qui pourrait l’apaiser (faire une pause, respirer, écrire, dessiner, bouger).
- Parler aussi de ses propres émotions de parent, à « hauteur » d’enfant : « Là, je suis fatigué·e, je vais faire une pause et on en reparle après », pour lui montrer que ressentir, s’écouter et se réguler, cela s’apprend.
Des ressources simples peuvent soutenir cette éducation émotionnelle :
- Des livres et cahiers d’activités sur les émotions pour enfants et ados, à lire ensemble et à laisser traîner à la maison.
- Des podcasts, vidéos ou ateliers parents-enfants autour de la régulation du stress, de l’anxiété et de la confiance en soi, souvent proposés par les associations, les structures de soutien à la parentalité ou les maisons des adolescents.
- En cas de difficulté persistante (angoisses importantes, repli, colères explosives, conduites à risque), et au moindre doute demandez l’avis d’un professionnel de santé (médecin traitant, psychologue, centre médico-psychologique, maison des ados).
Sur Scarlette, nous avons déjà exploré comment aider les enfants à apprivoiser leurs émotions — un apprentissage essentiel pour leur équilibre à long terme.
2. Les rendez-vous santé qui protègent toute la famille
En France, des bilans de prévention gratuits, appelés « Mon Bilan Prévention », pour les adultes dès 18 ans, sont proposés à différents âges de la vie pour faire le point sur son sommeil, son alimentation, le stress, l’activité physique et les dépistages.
Pour les enfants, la prévention passe par les 20 examens médicaux obligatoires prévus dans le carnet de santé, le suivi pédiatrique et les consultations en PMI (protection maternelle infantile) ou via la santé scolaire, qui permettent de surveiller la croissance, le développement, la vue, l’audition, les vaccinations et le bien-être psychique.
Concrètement, en tant que parents, vous pouvez :
- Vérifier dans le carnet de santé quels examens ont été réalisés et lesquels restent à programmer avec le médecin traitant ou le pédiatre.
- Se rapprocher de la PMI pour les plus petits (pesée, conseils, soutien à la parentalité) et être attentifs aux bilans organisés à l’école maternelle et élémentaire par la santé scolaire.
- Inscrire ces rendez-vous dans l’agenda familial – au même titre que les réunions parents-profs – envoie un message clair : la santé n’est pas un luxe, c’est un pilier de la vie familiale.
3. Écrans : poser un cadre, pas une guerre
L’usage des écrans fait désormais partie de la vie des enfants et des ados. Comment fixer un cadre ? C’est comme pour l’heure du coucher ou les sorties. L’idée, pour les adolescents, n’est pas de viser le « zéro écran », mais de garder des temps protégés pour le sommeil, le lien et la concentration.
Quelques repères concrets peuvent aider :
- Définir des zones sans écran : pas de téléphone ni de tablette pendant les repas et dans les chambres, surtout le soir et la nuit.
- Mettre en place un « couvre-feu numérique » : on éteint et on range tous les écrans (ados et parents) au moins une heure avant le coucher.
- Annoncer à l’avance les temps d’écran : par exemple, un créneau après les devoirs ou le week-end, plutôt que des connexions dispersées toute la journée.
- Garder chaque jour un moment sans écran partagé : jeu de société, cuisine, promenade, discussion dans le canapé, pour montrer que le plaisir ne passe pas uniquement par le téléphone.
- Parler des contenus autant que du temps : quelles applis, quels réseaux, à quoi ça sert, ce que l’adolescent y cherche, ce qui le met mal à l’aise.
4. Sommeil : le premier médicament des parents et des enfants
Le manque de sommeil chronique est associé à davantage d’accidents, de troubles de l’humeur, d’infections répétées et de difficultés de concentration chez l’enfant comme chez l’adulte. Des routines simples – heure de coucher régulière, lumière tamisée, pas d’écrans dans l’heure qui précède le dodo – sécurisent l’enfant et rendent l’endormissement plus facile pour tout le monde.
5. Manger ensemble… ce que l’on vit ensemble
Partager au moins un repas par jour en famille est associé à moins de consommation de substances, de troubles du comportement alimentaire et à une meilleure santé mentale chez les adolescents.
L’idée n’est pas de proposer une assiette parfaite, mais un moment relationnel où l’on parle de la journée, des émotions et des petits soucis avant qu’ils ne deviennent des gros problèmes.
6. Parler des addictions tôt, sans dramatiser
Les comportements addictifs (alcool, tabac, cannabis, jeux vidéo, réseaux sociaux…) se construisent souvent sur un terrain de stress chronique, de solitude ou de manque d’estime de soi, dès l’adolescence. Mettre des mots très tôt sur le plaisir, les drogues, la pression du groupe et le consentement aide les jeunes à développer un esprit critique face à toutes les offres de «déconnexion facile » : substances, écrans, shopping compulsif, etc.
7. Prendre soin de soi, c’est aussi de la prévention
Les familles les plus vulnérables sont souvent celles qui ont le moins recours aux dispositifs de soutien disponibles : visites à domicile, consultations de prévention, accompagnement psychologique. Demander de l’aide – à son médecin, à une PMI, à une sage-femme, à un thérapeute ou à une association – n’est pas un aveu d’échec parental mais au contraire une démarche qui renforce la santé et le bien-être de toute la famille.
La prévention en famille, ce n’est pas cocher toutes les cases, mais glisser, au fil des jours, quelques habitudes qui protègent le corps et l’esprit de chacun. Ce sont ces petits ajustements répétés au quotidien, qui permettent à chaque membre de la famille de grandir et de vieillir avec un peu plus de sérénité. La prévention, ça passe aussi par des gestes simples : un rendez-vous de santé pris, une discussion ouverte, un écran éteint, un repas partagé.

