Dickpic : un pénis est-il un bonjour acceptable ?

Chez Scarlette Magazine, on adore les mystères de la modernité : la livraison en 24h, les leggings gainants… Et cette obsession masculine pour le pénis en pièce jointe. Oui, c’est bientôt Noël mais on va plutôt parler de la dickpic non sollicitée, ce fameux cadeau-surprise que personne n’a demandé, mais que beaucoup reçoivent.


Pour y voir plus clair (mais pas trop), on a fait appel à la psychanalyste Inès Perrot, experte pour JOYclub.fr. Elle nous aide à décrypter ce phénomène aussi fascinant qu’affligeant.

Soyons honnêtes : vous, moi, la boulangère, même la prof de math du petit dernier en a sûrement déjà reçu. Des pénis qui jaillissent dans nos DM comme des pop-up des années 2000. Flous, pas assez flous, en plongée, contre-plongée, parfois décorés d’une paire de chaussettes ou d’un ruban (c’est du vécu).
Et toujours cette même question : mais qu’est-ce qu’ils espèrent en faisant ça ? Le prix Albert Londres ? Un “Oh wow, incroyable, envoyons-nous en l’air, au 7e ciel numérique” ? Spoiler : ça n’arrive jamais.

Consentement : en couple, pas en couple… même combat

Petite mise au point friendly mais vitale : une dickpic consentie, c’est du sexting : c’est fun, désirée, excitant, un peu coquin. Une dickpic non consentie, même si vous êtes en couple depuis 10 ans c’est non, et c’est aussi sexy qu’une fuite d’eau un dimanche soir. 
Car le problème n’est pas la nudité. Le problème, c’est l’absence de demande, le non-consentement. On ne brandit pas son sexe comme une carte de visite à un gala de charité. Choquer n’est pas séduire.

Une femme vous demande d'exister, être présent, respectueux

La théorie du “peut-être que ça lui plaira”

Avant de dégainer notre irritation, comprenons le délire. Beaucoup d’hommes s’imaginent que montrer leur sexe va lancer une conversation “hot”, amorcer un échange érotique, impressionner (lol), prouver qu’ils sont virils (re-lol), ou valider leur ego (“Elle m’a vu, j’existe !”).
Dans leur esprit c’est un préliminaire comme un autre. Dans le nôtre c’est un pop-up de mauvaise qualité. Parce qu’un échange sexy, ça se construit, ça se chauffe, ça se consent. Ce n’est pas un bingo où le premier qui sort son pénis gagne la partie.

Une arme de domination? Freud applaudit des deux mains

Selon Inès Perrot pour JOYClub, la dickpic non sollicitée n’a rien d’un acte sexy : “Ce n’est pas la nudité le problème, mais l’intrusion”. Pour certains expéditeurs, le plaisir vient de la transgression et non de la photo : “je franchis une limite” ; “je t’impose ma présence.” ; “tu dois regarder”
On n’est plus du tout dans le sexting, on est dans le territoire de la domination. C’est l’équivalent digital du mec qui ouvre son imper dans un parc. Mais version 2025, avec stabilisateur optique.

Exhibitionnisme 2.0 : le smartphone remplace le trench-coat

L’écran crée l’illusion d’une petite impunité sympa : “Je clique, ça part; je disparais”. Comme le dit Inès Perrot : “l’écran devient un substitut à l’espace public”. Résultat : on ne peut plus traverser un parc sans surveiller un buisson, ni ouvrir Instagram sans se demander si un pénis nous attend quelque part. Flippant à souhait.

Votre engin n'est pas un trophée, vous ne l'avez pas gagné à la foire au cochon, gardez-le bien au chaud

Narcissisme pixelisé : “Regarde-moi, même si tu ne veux pas”

Derrière chaque dickpic non sollicitée, on retrouve souvent un ego qui demande :Valide-moi, que ce soit en kiff ou en dégoût” . Dans ce schéma, la femme n’est pas une personne. Elle devient un miroir, un répondeur, une machine à retour narcissique. Et croyez-le ou non, certains trouvent ça “stimulant”.
Envoyer un pénis sans demander, c’est quand-même l’héritage d’un monde où le corps féminin est un territoire conquis et le corps masculin, un trophée brandi. Inès Perrot rappelle que “Les hommes ont été éduqués à agir, à conquérir, pendant que les femmes ont été éduquées à recevoir”. La dickpic, c’est le même patriarcat mais en PJ.

Éduquons (encore), expliquons (toujours) : le consentement n’est pas une option

Chez JOYclub et Scarlette, on plaide pour une éducation à la sexualité numérique : comprendre, respecter, demander, attendre le “oui”, accepter le “non”, patienter si un silence s’installe. Parce qu’on ne naît pas harceleur digital. On le devient faute de « acceptez les cookies ou abonnez-vous ».

Les filles, ne rêvons pas trop : malgré la prévention, malgré nos désaccords entendus, il y aura toujours un mec coincé dans un recoin du web, là où la serpillère numérique ne passe pas. La dickpic non sollicitée, c’est le réflexe préhistorique qui a trouvé la 4G. Et on le rappelle : envoyer des photos intimes à des personnes qui n’ont rien demandé est (si l’exhibition sexuelle est retenue), une agression sexuelle passible de poursuites pénales (art.222-32 du code pénal : l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende). 

En attendant, rappelons ce principe simple : avant d’envoyer quoi que ce soit de biologique, on demande. Et si vraiment certains ont un besoin irrépressible d’impressionner (et qu’ils n’ont qu’un service trois pièces sous la main), qu’ils tentent un autre truc : le respect. Effet garanti, foi de Scarlette.

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Ile Koeur © photos Jean Philippe Meriglier vue aérienne 3

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