Apparue dans les années 70 en Corée du Sud, la K-pop n’a cessé de monter en puissance jusqu’à exploser dans les années 2000. Ce phénomène qui a séduit le monde entier s’est installé durablement et a su se renouveler. Scarlette Magazine vous aide à naviguer sur ce tsunami musical pas toujours si rose, qui s’inscrit dans un mouvement plus vaste de « vague » culturelle coréenne.
C’est parti pour le moment « K-pop pour les nulles » !
Un phénomène planétaire
Fandome, lightstick, idol, bias. Vous avez l’impression que votre ado vous parle chinois ? Alors non, en revanche ces termes sont issus du lexique de la K-pop (Korean pop). Mais si, la K-pop, vous savez, ces groupes de filles ou de garçons qui dansent tous ensemble à la nanoseconde près sur des rythmes ultra toniques !
Qualifiée de phénomène planétaire dans les années 2000, la K-pop aurait pu n’être qu’un feu de paille commercial mais elle est arrivée à s’imposer durablement comme un genre musical à part entière.
Si vous avez envie de mieux comprendre ce qui fait danser votre ado (et qui pourrait bien vous faire danser aussi), votre rédactrice vous propose un retour aux origines de cette musique qui est l’une des expressions les plus reconnaissables de la Hallyu, la vague de pop culture coréenne qui se diffuse très largement depuis les années 90.
Ce mouvement à la fois sociologique et politique correspond à la volonté de la Corée du Sud de changer son image auprès des Occidentaux, pour se distinguer fortement de la Corée du Nord.
Cette stratégie du soft-power (diplomatie culturelle utilisée par un pays pour exercer une influence sur la scène internationale) utilise la musique, mais aussi le cinéma, les séries, les manhwas (équivalents coréens des mangas), les webtoons (manhwas en ligne adaptés à la lecture sur mobile), la gastronomie, les cosmétiques (la marque Erborian notamment)…
En diffusant largement sa culture, la Corée du Sud a réussi à transformer son image et à installer une identité forte, devenant l’un des exportateurs culturels les plus influents du XXIème siècle.

La musique comme vecteur de diffusion culturelle
Cette diffusion s’est faite en grande partie par la K-pop. Si cette musique a fait son apparition entre les années 1950 et 1970 en Corée du Sud (notamment sous l’influence des bases militaires américaines), les premières stars (« idols ») sont apparues dans les années 1990. À cette époque, le succès reste essentiellement circonscrit au pays, puis s’étend à l’Asie, avant d’exploser dans le monde entier dans les années 2000. Et le phénomène dure avec déjà plusieurs « générations » de groupes.
Les groupes eux-mêmes sont d’ailleurs l’aspect le plus fascinant de l’univers de la K-pop. Plus de 240 groupes ont été lancés ces dernières années. Il existe des groupes de filles et de garçons, certains comptant jusqu’à 40 membres ! (NCT par exemple). Parmi les groupes les plus emblématiques, citons notamment Blackpink, Twice ou Dreamcatcher chez les filles, BTS, EXO ou Stray Kids chez les garçons.
Alliant habilement fierté de la tradition coréenne, modernité absolue et ouverture sur le monde (avec notamment l’alternance entre coréen et anglais dans les chansons), les paroles des chansons sont toujours porteuses de messages positifs, tantôt romantiques, encourageantes ou motivantes. Jamais de grossièretés, tout est parfaitement calibré, à l’image des chorégraphies réglées au millimètre près que les fans retrouvent dans les clips musicaux.
Les rythmes sont dansants, entraînants, s’inspirant de plusieurs styles de musiques et les tenues des « idols » sont toujours à la pointe de la mode. Cerise sur le gâteau d’un marketing redoutable, il y a toujours dans les chorégraphies une partie simple à refaire, appelée la « killing part ».
En offrant une grande variété de groupes, avec à chaque fois des nuances en termes de musique, de paroles, de looks de personnalités, l’objectif est de plaire au plus grand nombre, même aux plus jeunes qui peuvent facilement se reconnaître dans les chansons.
Le tout est extrêmement efficace, certains titres étant particulièrement addictifs, comme « APT », le duo entre Rosé, la chanteuse de Blackpink et l’artiste américain Bruno Mars.
L’engagement des fans et des communautés (les Fandoms) est sans doute l’une des clés du succès et du rayonnement de la K-pop. Ils jouent un rôle central, allant bien au-delà du simple soutien aux artistes. Leur implication façonne directement l’évolution du mouvement.
Les communautés ont des noms, à l’image des ARMY, fans du groupe BTS et des BLINK, fans du groupe Blackpink. Les fans ont la possibilité de se regrouper lors de concerts géants, les Dream concerts, sans oublier d’acheter pour l’occasion les nombreux produits dérivés et notamment les lights sticks, des bâtons lumineux à l’effigie des différents groupes que les fans agitent pendant les concerts.
Les membres des groupes sont souvent, en plus d’être chanteuses/chanteurs, influenceurs, icônes de mode, ou acteurs dans les K-dramas (séries coréennes).

La face sombre d'une K-pop acidulée
Cette industrie musicale au fonctionnement quasi militaire n’est toutefois pas aussi rose qu’il y paraît, et fait régulièrement l’objet de polémiques.
En cause, la discipline excessive imposée aux artistes, castés très jeunes et envoyés dans des académies où ils vont apprendre à performer pendant plusieurs mois, voire années, sans même de garantie d’intégrer un groupe. Les artistes en formations sont appelés « trainees ».
La K-pop a fait plusieurs fois la Une des médias suite à des suicides de chanteuses et chanteurs, pour des problèmes de drogue mais aussi pour de sordides histoires d’agression et d’exploitation sexuelle.
Avec un culte de l’apparence très développé (blancheur de la peau encouragée, chanteuses pesées quotidiennement…), l’industrie musicale K-pop ne fait pas de cadeau.
Heureusement, face à ces situations tragiques, des mesures ont été prises et les agences de divertissement accordent désormais plus d’attention à la santé mentale de leurs artistes mais aussi à l’inclusion et la diversité avec notamment la formation récente d’un groupe de malentendants.
Un apparentissage accéléré grâce à "KPop Demon Hunters"
Si vous avez envie de mieux comprendre la K-pop rapidement, un conseil : regardez « KPop Demon Hunters ». Ce film phénomène, qui squatte la première place de Netflix depuis plusieurs mois et a conquis la planète, constitue une sorte de formation express en pop culture coréenne et en K-pop en particulier.
L’histoire : un girls band star de K-pop, les Huntrix, chassent les démons grâce à leur voix, et vont devoir affronter une bande de démons déguisés en boys band de K-pop, les Saja Boys.
Outre le fait que sa bande-originale colonise immédiatement le cerveau, il y a dans le film des éléments réels de la vie en Corée (la présence dans le film de la N Seoul Tower, la représentation très fidèle de la nourriture coréenne) et l’animation du film est incroyable.

Aujourd’hui, la K-pop s’est installée durablement dans le paysage musical parce qu’elle a su évoluer, même si cela s’est parfois fait dans la douleur. Son univers rythmé et coloré mérite qu’on s’y intéresse car il dit beaucoup de notre société, de notre rapport à la musique, à la culture. Petit à petit, la K-pop s’occidentalise et il se pourrait qu’un jour, des groupes français voient le jour, avec espérons-le un modèle un peu moins rude pour les artistes !
Pour aller plus loin
À écouter
La pop culture coréenne :Un podcast en 5 épisodes qui évoque la pop culture coréenne au sens large. On y parle K-pop mai aussi K-dramas, cinéma, séries (le phénomène Squid Game), gastronomie, cosmétiques, webtoons, manhwas…
Et si vous aimiez la K-pop sans le savoir ? Cette émission diffusée sur France Culture mais disponible aussi sur toutes les plates-formes d’écoute propose une réflexion plus sociologique sur la déferlante K-pop.
K-Pop ON ! Podcast vidéo disponible sur Spotify (et en version courte sur Youtube) qui invite les groupes les plus en vogue pour des interviews qui vont ravir les fans.
In time with Kpop :Disponible sur toutes les plates-formes, ce podcast est centré sur les fans, sans tomber dans le cliché de l’ado en délire. Les profils sont très diversifiés et permettent de comprendre que la K-pop touche un public varié.
À regarder
Pop Star Academy sur Netflix : On y suit le groupe KATSEYE, composé de chanteuses issues de plusieurs pays, une façon de rendre encore plus internationale la K-pop.
À lire : La K-Pop de A à Z. Traduction de la bible anglophone sur la musique sud-coréenne et ses dérivés, la K-Pop de A à Z revient sur l’histoire de nombreux artistes et labels qui ont conquis le monde. Un ouvrage de référence à posséder pour découvrir et tout connaître de ce genre !
True Beauty de Yaongyi : L’histoire d’une jeune fille qui endure le jugement impitoyable des autres en raison de son apparence physique peu flatteuse. Subissant des brimades incessantes au collège, elle décide de prendre les choses en main lorsqu’elle entre au lycée. Un exemple de manhwas parmi des centaines!

