On ne va pas se mentir, l’entrée dans la ménopause, ce n’est pas hyper fun. Tout part un peu en cacahuète au niveau hormonal, avec un impact à la fois corporel et mental. Cette période nous demande une grande faculté d’adaptation et d’acceptation. Aujourd’hui, les femmes ne veulent plus subir cette étape et les commentaires qui vont avec. Elles veulent être pleinement actrices et reprendre le pouvoir sur une phase clé qui mérite mieux que les clichés habituels.
Les symptômes de la ménopause
Traverser la ménopause, c’est d’abord accepter que notre corps change, parfois beaucoup. Cette peau qui devient plus flasque, plus fragile. Ces boutons qui apparaissent, alors qu’on était toute fière d’avoir traversé l’adolescence sans la moindre acné. Ces cheveux qui deviennent plus fins, plus difficiles à coiffer. Ce petit ventre qui sort d’on ne sait où. Cette cellulite qui colonise nos cuisses, nos fesses. Ces bouffées de chaleur qui parfois nous terrassent.
Et puis, et cet avis semble assez partagé, ça arrive presque du jour au lendemain. On a beau dire, ou lire, que c’est progressif, ce n’est pas forcément le ressenti qu’on en a. Un jour, on se réveille ménopausée, et ça se voit, sachant que les changements corporels visibles ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
En dessous, ce n’est pas la joie non plus. Si vous avez l’insigne honneur d’être de celles qui cochent presque tous les symptômes, vous aurez en prime la fatigue, les troubles du sommeil, les douleurs articulaires, les troubles digestifs, urinaires, les maux de tête, la sécheresse vaginale.
Et que dire de notre cerveau ? Brouillard cérébral, troubles de la mémoire, de la concentration, variations d’humeur parfois très importantes (très, très), odorat perturbé, déprime voire syndrome dépressif.
Bref. La liste est longue. Et même si l’idée de cet article est d’aborder la question avec une certaine légèreté, le constat est sans appel. Si certaines femmes traversent la ménopause sans grande houle, pour d’autres c’est un tsunami. Mais quoi qu’il arrive, la légèreté n’empêche pas le sérieux, et le sujet l’est.

Prendre la ménopause au sérieux
C’est peut-être, d’ailleurs, ce qui a toujours manqué : que la ménopause soit prise au sérieux. Que l’on s’y intéresse vraiment, qu’elle soit considérée.
Fort heureusement, depuis quelques années, nous sortons doucement d’une histoire de la ménopause essentiellement écrite sans les femmes (à titre d’exemple, la médecine du XIXème siècle considérait la ménopause comme dangereuse et pouvant engendrer des troubles mentaux).
Malgré tout, les stéréotypes ont la vie dure, et cette phase reste vue par beaucoup comme un symbole de vieillissement de la femme, une sorte de fin de parcours, une sortie de scène (et pas sous les applaudissements).
Or, ménopausée ne veut pas dire périmer. Ce n’est pas parce que la possibilité biologique de maternité n’existe plus que la femme n’a plus « d’utilité » sociale. Cette image négative, entretenue pendant très longtemps dans l’imaginaire collectif, pèse lourd sur l’estime de soi, sur la confiance, encore aujourd’hui.
Elle est aggravée par le traitement tout à fait différent réservé aux hommes. Un homme aux tempes grisonnantes est charmant, une femme aux tempes grisonnantes se néglige.

Reprendre le pouvoir, libérer la parole
Mais ces dernières années, certaines femmes publiques, actrices, journalistes, chanteuses, n’hésitent pas à s’afficher avec les cheveux gris ou blancs, assumant leurs rides, leur corps. On peut espérer qu’il ne s’agisse pas d’un simple effet de mode, mais bien d’une nouvelle façon d’envisager la ménopause.
Une façon pour nous, femmes, de reprendre la main, le pouvoir, sur cette phase de notre vie qui a été beaucoup commentée sans toujours nous inclure dans la boucle.
Pour certains, cette vision très occidentale de la ménopause a même des airs de fabrication sociale visant à évincer les femmes de la sphère publique à partir d’un certain âge. C’est notamment la thèse développée par Cécile Charlap dans La Fabrique de la Ménopause.
Reprendre la main, c’est d’abord parler. Les femmes osent davantage évoquer leur ménopause. Entre elles, avec leur médecin, leur conjoint (ou conjointe). Des groupes se constituent sur les réseaux sociaux, de nouveaux médias émergent, des podcasts, des livres.
Là, derrière la porte de la prise de parole se pressent des années, des centaines d’années de silence, d’invisibilité, de stigmatisation voire de honte.
Dans la droite ligne des droits durement acquis au fil des siècles, les femmes ne veulent plus subir, elles veulent agir.
Climatère, une vaste étude pour mieux comprendre

C’est d’ailleurs avec l’idée de recueillir la parole des femmes que l’Institut de la Santé de la Femme et de la Fertilité de l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) a lancée en août dernier une vaste étude baptisée Climatère. Le constat de départ est le suivant : il y a beau y avoir 14 millions de femmes ménopausées en France, il existe un manque sévère de données épidémiologiques et de santé publique.
Cette vaste étude va être menée sur 100 000 femmes à partir de 30 ans, non ménopausées, en périménopause et ménopausées, sur une durée de 10 ans. Concrètement, les participantes sont invitées à remplir régulièrement des questionnaires qui font permettre de mieux connaître la symptomatologie, d’identifier les répercussions sur la santé physique comme mentale, sur la vie intime, familiale, professionnelle.
THS ou solutions naturelles : que choisir ?
Parmi les questions qui trouveront peut-être des réponses plus précises, celle de la prise, ou non, d’un Traitement hormonal substitutif (THS). Toute femme qui est confrontée à des symptômes de ménopause impactant fortement sa qualité de vie se pose cette question.
Que vous soyez, a priori, plutôt « pro hormones » ou partisane des traitements naturels, la première chose à faire est d’en parler à un médecin.
D’abord parce que la ménopause elle-même a un impact sur notre santé qui justifie un suivi médical (notamment un point sur le système cardio-vasculaire et sur la santé osseuse). Et si vous souhaitez avoir recours à un traitement hormonal, sa délivrance se fera en lien avec le médecin (et/ou gynécologue) qui vérifiera que votre état de santé est compatible avec la prise du traitement (le plus souvent des œstrogènes et de la progestérone, en comprimés, en patch ou en gel).
Du côté des traitements plus naturels, les pharmacies, parapharmacies et les réseaux sociaux regorgent de solutions parfois présentées comme miraculeuses. Attention, naturel ne veut pas dire inoffensif. Pour les bourgeons, les huiles essentielles, la phytothérapie, etc, c’est toujours bien de vérifier avec un professionnel de santé s’il n’y a pas de contre-indications, une interaction avec un traitement en cours par exemple.

Reprendre confiance et prendre soin de soi
En parallèle d’un éventuel traitement, c’est à chacune de trouver ce qui va lui faire du bien. On peut se tourner vers des valeurs sûres, des activités qu’on aime, mais on peut aussi profiter de cette étape importante pour commencer quelque chose : poterie, chant, sophrologie, sport de combat, bénévolat…
L’activité physique semble assez incontournable : pour le corps (y compris pour lutter contre le risque accru d’ostéoporose), pour le moral, pour l’image de soi. Mais vous n’êtes pas obligée de courir un marathon ! L’essentiel c’est de bouger notre corps qui change, pour mieux l’habiter, pour y être bien.
Là encore, c’est très personnel. L’objectif n’est pas de se créer de nouvelles injonctions, comme si on était obligées de « bien vivre notre ménopause », d’avoir « une ménopause active », « de découvrir une nouvelle liberté ». Ce sera peut-être le cas, mais vous avez aussi le droit de dire que ça ne va pas, et de vous faire aider.
Podcasts, lectures et ressources utiles
Sur les réseaux :
- https://mesdames.media : Fondé par Maïtena Biraben, journaliste et femme de télé et Alexandra Crucq, productrice, ce média que vous pouvez aussi retrouver sur les réseaux sociaux est une mine de conseils pratiques, de témoignages, de partage et de rire, ça fait du bien !
- @allez_j_ose_podcast : Ce podcast de la journaliste Elsa Wolenski est disponible sur Instagram et d’autres supports. Dans le même esprit que Mesdames Media, l’idée est de briser les tabous et de parler de tout.
- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-menopause-pour-tout-le-monde : Ménopause pour tout le monde, podcast en 4 épisodes de Perrine Kervran, drôle et passionnant.
- https://www.balance-menopause.com : Créé par une médecin britannique spécialiste de la ménopause, ce site Web complet et inclusif publie des contenus bienveillants sur la périménopause et la ménopause, depuis les notions de base jusqu’à des contenus plus pointus,
- https://www.intimina.com/blog/category/menopause/ : Le blog très sympa d’Intimina, marque suédoise qui propose la première et unique gamme de produits dédiés à tous les aspects de l’intimité des femmes à tous les âges.
- À lire : La Fabrique de la Ménopause de Cécile Charlap.
- À chanter (et à traduire !) : PMS Blues de Dolly Parton.
Pour conclure, on peut dire que la ménopause sera aussi et surtout ce que chacune en fera. Cette étape, souvent perçue comme une fatalité, doit être envisagée différemment : les modifications hormonales sont universelles, mais l’image qu’on en donne reste très liée à la culture. Et une culture, ça évolue : il ne tient qu’à nous de continuer à faire bouger les lignes.