Top 5 des raisons pour lesquelles on ne sexe plus « comme avant »

Que se passe-t-il depuis une quinzaine d’années dans le lit des Français ? Plus grand-chose, apparemment. Études chiffrées à l’appui, que fait-on de cette information ? On panique ? On se réjouit ? Un peu des deux.

Parce que si ce désamour peut prendre racine dans la phobie sociale, les réseaux sociaux, Netflix ou la pornographie, il pourrait également découler d’un lointain fardeau en voie d’extinction : la phallocratie. Voici les 5 raisons probables pour lesquelles tout ne tourne « plus » autour du sexe.

D’après une récente enquête IFOP(1), le pourcentage de la population française ayant eu une relation sexuelle au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi bas depuis cinquante ans. Cette inactivité sexuelle affecte tout particulièrement la jeunesse : plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28%) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006. L’activité sexuelle de la population a également diminué en termes d’intensité, comme en témoigne la diminution de la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels : en moyenne, 43% des Français ont déclaré avoir un rapport sexuel par semaine, contre 58% en 2009. En 2024, 62% des Français disent s’intéresser au sexe, contre 82% en 1996. Pourquoi ?

Les écrans, grands méchants loups

Première lapalissade du jour : plus vous êtes sur vos écrans, moins vous êtes disponible IRL. La concurrence d’activités sexuelles numériques est féroce. Quand la moitié des moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder un(e) série/films, on imagine qu’il y a souci.
Plus inquiétant : les jeunes âgés entre 15 et 25 ans s’informent sur la sexualité par leurs propres moyens : 64% principalement grâce à Internet, les réseaux sociaux (Google, Instagram, TikTok et YouTube) et la pornographie.

Le porno à gogo et à un âge où... non !

La pornographie, où comment bien désinformer et paniquer les générations futures, OKLM. Les contenus sont de plus en plus violents, dégradants et avilissants. Comment faire pour rassurer son ou sa mini de 9 ans, rentrant de l’école en claironnant, « maman, Thomas nous a montré un porno sur son téléphone »… 9 ans ? ! Si ces contenus sont interdits aux moins de 18 ans ce n’est pas pour rien, c’est dérangeant et même dangereux pour la construction mentale d’un acte qui implique un autre être humain. Conséquence directe : le jeune aura une vision faussée, il ne trouvera aucune prise avec sa réalité, il restera à se tripoter de manière compulsive devant son écran, par peur, par honte et par incapacité à transformer ce qu’il aura vu en quelque chose de beau. C’est moche.

Oser dire qu'on n'aime pas ça

Après des années d’hypersexualisation de la société, les décennies 2010/2020 marquent l’amorce d’un nouveau cycle où la contrainte à avoir une vie sexuelle pour faire « plaisir » ou « comme tout le monde » se délite. Nombre de femmes ne se sentent plus obligées de répondre au désir sexuel de leur partenaire, certaines se tournant même vers des attitudes plus radicales comme l’asexualité et l’abstinence. En cela, le fossé se creuse avec la minorité d’hommes qui voit encore dans l’expression d’une forte libido un élément consubstantiel de leur masculinité.
Car dans un contexte marqué par une révolution du rapport au consentement, est-ce que le devoir conjugal, (Code civil de 1970), ne pourrait-il pas sauter ? Je veux dire, puisque le viol conjugal est entré dans les prétoires, la bipolarité du droit français pourrait éveiller les consciences et réconcilier le droit civil et le droit pénal non ? Allez, on y croit !

L'éco anxiété, jusque dans nos lits

Ce Néo syndrome est une prise de conscience qui affecte la façon dont les gens mangent, font leurs courses, voyagent mais également les relations amoureuses et sexuelles. Après le Covid, les jeunes ont développé du stress, une phobie sociale, une colère et une désillusion qui nous donne aujourd’hui une jeunesse pétrie de trouille à l’idée de livrer son corps (seule « possession » encore « revendicable » de nos jours) à l’autre.
Pour rappel, les confinements à répétition, les incertitudes sur l’avenir, la culpabilisation face à l’épidémie, ont durement touché les jeunes et généré une hausse sans précédent des cas dépressifs dans cette tranche d’âge. Et qui dit dépression dit « je m’isole, l’autre est dangereux ». Même si elle n’explique pas la dégringolade du nombre de galipettes par humain et par jour depuis 15 ans, elle n’a pas aidé ces dernières années. Rajoutez à cela la flemme d’aller vers l’autre, la facilité à tromper son cerveau avec des contenus virtuels, l’individualisme assumé, vous obtenez le combo gagnant d’une jeunesse qui se surprotège façon Némo.

Le « do it yourself » appliqué au sexe

La vente en ligne, apparue dans les années 2000 a démocratisé l’achat d’objets coquins. Et si elle est encore un peu taboue, l’industrie du latex a réussi à rendre la masturbation synonyme d’autonomie et d’émancipation. Le tour de génie est d’avoir fait du sextoy l’allié d’une tendance « do it yourself ». J’ai compris l’ampleur du phénomène quand j’ai été invitée à une réunion type Tupperware. J’ai dit non merci à la première, je me suis fait traiter de coincée. Pression sociale oblige, à la seconde invitation, j’ai vu une tablée d’objets tout rose, pailletés, translucides, prêts à vibrer pour des filles hilares, un peu excitées et surtout pressées de rentrer l’essayer sous la douche… Manque de bol, souvent le Saint Graal est sur commande, bénissons nos doigts toujours dispo, eux. L’autonomie en matière de plaisir sexuel est une réalité depuis des lustres mais aujourd’hui elle est assumée, aidée par « le capitalisme générateur d’artifices et de fausses pistes », fin de citation de mon amie altermondialiste.

Ni rejet, ni dégoût, juste un choix

L’injonction n’est plus à l’épanouissement en couple mais à la plénitude avec soi-même. Les jeunes ont assimilé la première partie du contrat qui est que pour faire le bien, ils doivent commencer par aller bien. La deuxième partie du contrat est plus délicate, c’est celle où ils vont devoir s’ouvrir, prendre un risque, respecter l’autre, et ça, l’environnement ne les y encourage pas vraiment. Alors, ils trouvent d’autres modes d’accomplissement et ça leur convient. Famille, amis, religions, internet. Le sexe s’éloigne, il reprendra sa place, un jour… ou pas. Le choix est une richesse sans bornes.  

Au-delà du catastrophisme à chaque sondage, et si les nouvelles générations s’étaient tout simplement réveillées d’une longue anesthésie phallocratique pour enfin assumer le fait que non, le sexe n’est pas une injonction à la vie harmonieuse, il en est une composante, au mieux. D’autant que selon certains sexologues et psychologues américains, les jeunes privilégieraient aussi la qualité à la quantité. Ne les jalousons pas pour ne pas y avoir pensé plus tôt.

(1) Étude Ifop pour LELO réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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