Cette semaine on se dirige vers les salles obscures pour vous faire découvrir « Je verrai toujours vos visages » pour une mise en lumière sur la justice restaurative.
Vous serez tantôt compatissant pour les victimes, un brun attendris par les coupables, tous chargés d’un passé et de blessures. Film dramatique ou documentaire, pour un long métrage, la bobine se déroule très vite ! Laissez tomber les pop-corn, c’est parti pour deux heures de découverte et d’émotions.
Un but commun
La réalisatrice Jeanne Herry nous plonge au cœur la justice restaurative (dispositif de justice basé sur du volontariat), elle nous immerge dans deux histoires différentes. Deux lieux : Une en extérieur, l’autre en milieu carcéral, ayant le même objectif : tenter de cicatriser les blessures. Les agresseurs ont déjà été jugés, la justice restaurative n’est pas là pour rendre un deuxième jugement mais pour réinjecter de l’humanité là où il n’y en a plus ! Elle fait se rencontrer les deux clans (agressés et agresseurs) dans un lieu commun et de les faire communiquer. Chacun à sa propre version de l’histoire à exprimer, ses angoisses qui les hantent encore, malgré la décision de Justice. Autour d’eux, les SPIP…
Un casting grandiose pour deux scénarios
Une rencontre au sein d’une prison avec trois détenus (Dali Benssalah, Birane Bah, Fred Testot), incarcérés pour vol avec violence. En face, trois victimes : Miou-Miou, agressée par un vol à l’arraché (la réalisatrice met en scène sa maman et elle joue très bien ce rôle), Gilles Lellouche, victime d’un home-jacking en présence de sa fille, et Leïla Bekhti, présente lors d’un braquage d’une supérette. Autour d’eux, Jean-Pierre Darroussin et Suliane Brahim dans les rôles des SPIP, en mode avion, prêts à les laisser s’exprimer et à les écouter. Arriveront ‘ils à ouvrir le dialogue ? Que sortira-t’il de ces rencontres ?
Pour la deuxième histoire, Adèle Exarchopoulos incarne Chloé. Elle est froide et marquée par ce viol qui a duré toute son enfance. Son frère est de retour en ville et ses peurs remontent à la surface. Elle entreprend alors la démarche auprès de Judith (Elodie Bouchez dans le rôle du SPIP) pour entreprendre une rencontre avec son violeur. La préparation va durer plusieurs mois… Le face à face aura-t-il lieu ? Est-ce que cette démarche sera à la hauteur de ses attentes ?
Le rôle du SPIP
Formé pour accompagner et lutter contre la récidive des personnes ayant été jugées pour un acte de violence, il rassemble le discours des deux parties, leurs attentes et leurs demandes afin de pouvoir amener au mieux l’ouverture du dialogue entre les deux parties. Le SPIP n’est pas là pour comprendre (seuls les concernés le peuvent), mais il est là pour écouter et mettre en place la rencontre. Ce n’est en aucun cas un psychologue, il se met en mode « avion » afin de contenir ses émotions. Il ne prendra parti, ni pour les agressés, ni pour les agresseurs : son rôle est neutre ! Il doit trouver la juste distance entre une écoute empathique et ne pas « se mettre à la place de ». Certainement frustrant parfois, ils se doivent d’être impartis pour mener à bien cette fonction.
Pourquoi aller voir ce film ?
Malgré un sujet poignant, ce film allie dureté et légèreté en même temps. Tout est dosé avec brio ! Les acteurs vivent leur scène comme leur propre histoire et leurs visages sont remplis d’expressions communicatives. On ne peut être que spectateur des émotions que l’on perçoit tout le long du film.
Mettre en situation des victimes et des agresseurs est peut-être un pari fou, mais si on ne tente rien, nous n’obtiendrons jamais la réponse ! Il faut mettre en lumière cette justice restaurative ou réparatrice existe et qu’un jour nous pourrions tous peut-être en avoir besoin. Arriveront ils à comprendre et à avancer ? Seront ils capables de colmater leurs séquelles ? Accepteront ils et recevront ils le pardon ? Cette rencontre débouchera t’elle sur des liens perdus ? Allez voir ce film, il raconte la mise en place de ce dispositif, encore trop peu connu pourtant rempli d’espoir !